Elagage, travaux des arbres et de la forêt, au rythme des saisons, avec le souci du respect de la biodiversité, en cohérence avec les ressources et possibilités biologiques végétales : prendre avec soin ce que nous donne la « Terre-maman nourricière »...
Parce qu’il est urgent de nous « re-trouver », en équilibre avec le vivant et les ressources naturelles, non inépuisables, il nous faut maîtriser les contraintes que nous imposons aux espaces naturels du fait de nos actions d’anthropisation, de « sécurisation », de prélèvements, d’aménagements d’espaces de vie et de loisirs.
Dans ce contexte de changements climatiques, toute action de prélèvement de végétaux doit être raisonnée en fonction de sa nécessité, et relativisée en la réduisant au strict nécessaire, afin de ne pas prendre plus que ce que l’organisme végétal peut biologiquement supporter. S’agissant d’organisme vivant, donc en évolution continue, l’arbre – les arbres, les forêts… - nous procurent leurs ressources sans en être fragilisés à condition de ne pas subir de prélèvements supérieurs à une proportion limitée de leur accroissement naturel.
Un organisme vivant n’a jamais besoin d’être taillé ou de subir une contrainte, mais peut s’y prêter, dans une certaine mesure, nous permettant de vivre en équilibre avec celui-ci et de satisfaire nos propres besoins. Une action de prélèvement, de taille, est une contrainte imposée au végétal, qu’elle soit à but esthétique, de production, ou de sécurité ; les arbres ne sont pas dangereux en eux-mêmes, mais les choix d’aménagements ou la recherche de profits économiques sur des espaces de plus en plus réduits (à force de « valorisation » économique...) amènent l’occupation humaine à leur proximité… et les constructions sous les arbres !!!
L’enjeu est donc d’organiser les « contraintes de tailles et prélèvements » que nous imposons pour les rendre compatibles avec le maintien de la biodiversité – dans l’arbre, le jardin, le verger, la forêt – et retrouver les bonnes pratiques de taille et d’exploitation respectueuses des arbres que les « gens de forêts », quelles que soient les civilisations, ont tous appris à maîtriser, en acceptant de prendre simplement leur part (y compris dans nos forêts « jardinées » de montagne en Europe), et malheureusement souvent oubliées, partout où le vivant est regardé avec intérêt personnel ou économique, au lieu d’être considéré avec respect pour ce qu’il a de plus grand, absolu et universel.
A défaut d’être laissé en évolution libre, un arbre cultivé (d’ornement, fruitier, forestier de production de bois d’œuvre ou de chauffage) supporte des prélèvements raisonnés ; prélèvements pouvant aller jusqu’à 15 à 30 % de son capital vivant par des actions progressives et répétées lui laissant la possibilité de mettre en œuvre ses ressources de résilience. Au-delà de cette proportion, il peut être nécessaire de prélever totalement l’arbre – les arbres - (abattage) afin de ne pas laisser un organisme fragilisé au point que nos attentes de sécurité en deviennent incompatibles.
Concrètement, une taille n’a pas les mêmes effets sur l’ensemble d’un organisme vivant qu’une « amputation », et au-delà d’une certaine proportion, les atteintes sont irréversibles… à échelle de vie d’arbre.
Donc, avant toute décision, posons-nous les bonnes questions :
En terme de sécurité, n’est-il pas possible de penser l’utilisation et les aménagements des espaces de vie, grands ou petits, et des voies de circulation et cheminements, différemment afin de ne pas avoir à choisir entre nos attentes et le maintien des arbres en place, alors que les aléas météorologiques accentuent déjà les risques ? Les contraintes « réglementaires » et administratives sont considérées, en ce qu’elles permettent une utilisation partagée des espaces, mais les actions d’aménagement, d’usages, d’implantation de limites, de morcellement, de plantations doivent prendre en compte les réalités biologiques, universelles et absolues, parce qu’à défaut, il faudra nommer les choses par « destruction du vivant » et non par « prélèvement respectueux »… Un compromis de conciliation n’est-il pas envisageable ; compromis dans lequel les feuilles d’arbres pourraient avoir droit de lecture au même titre que les feuilles de nos textes de lois ?
Et en terme d’économie ? En collaboration avec les maîtres d’ouvrages - qu’ils s’agisse des particuliers et des gestionnaires de sites et réseaux d’ampleur (collectivités, entreprises, réseaux routiers, ferroviaires, électriques) – des actions de prélèvement raisonnées permettent de faire cohabiter les besoins – sécurité, production, fruitière, de bois de chauffage (bois « énergie »), de bois d’oeuvre, esthétiques sociaux, avec ceux du vivant – pour des coûts rationnels dans la durée, en accompagnant le développement végétal, et tout en limitant les prélèvements destructifs générateurs de volumes de bois et végétaux à coûts de mobilisation et traitements exorbitants.
Sur le plan esthétique et social enfin, vouloir rendre « joli » un arbre, un végétal, ou rendre un espace – jardin, forêt - accessibles et « agréables » est-il nécessaire partout, de manière uniforme et standardisée ? Les végétaux n’évoluent pas naturellement vers des formes géométriques et architecturées, même si de telles attentes sociales peuvent être prise en compte, par places, avec discernement et relativité ; ils sont simplement façonnés par l’évolution sans en être forcément fragilisés ou déséquilibrés (« tordus »?).
En quoi un arbre gêne-t-il vraiment ? En quoi sa taille est-elle absolument nécessaire ? En quoi son prélèvement contribuerait-il à l’objectif recherché ? En cas de doute, les vieux forestiers disent « … alors laissons le vivre, il a, comme nous, sa place dans la nature et son utilité pour quelque chose, même si nous ne le voyons pas, ou ne le savons pas. » - Humilité.
Prenons ensemble le temps de réfléchir, d’analyser, d’expertiser, pour choisir la meilleure solution – ne pas agir (!)... ou agir... - dans le respect du vivant, de l’arbre, de la place qu’il occupe, de la nôtre, et de ceux dont le soin des arbres est le métier, difficile et exigeant.
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